Les valeurs humaines
Introduction : le vocabulaire
– L’homme est un être constitué d’un corps, d’une âme et d’un esprit, trois dimensions imbriquées, inséparables, complémentaires, ayant deux aspects interactifs, s’enrichissant mutuellement : l’aspect personnel et l’aspect social.
– Les valeurs sont les principes essentiels qui n’ont pas de références en dehors de l’homme lui-même c’est-à-dire non issues de l’une des religions.
– Les valeurs religieuses sont les principes essentiels issus de l’une des religions, qu’ils soient inspirés, révélés ou vécus et annoncés par le fondateur religieux.
– Les valeurs simplement humaines, par contre, peuvent ne pas être religieuses et être retrouvées chez ceux qui ne croient pas en Dieu, mais seulement en l’homme, (sachant que ces valeurs peuvent être, à leur lointaine origine, issues de valeurs religieuses).
– Les valeurs du Courant de la Société Civile (CSC) sont humaines, « ouvertes », et peuvent donc être retrouvées à la fois chez ceux qui croient en l’homme seul et chez ceux qui croient en Dieu et en l’homme, sans lutte ni conflit entre eux.
Ces valeurs ont été rassemblées ici sous deux titres :
– Valeurs humaines générales, c’est-à-dire valables pour tout homme dans tout pays,
– Valeurs humaines libanaises, c’est-à-dire propres à l’homme libanais comme individu, groupement ou société
- Les valeurs humaines générales
1-1 L’homme dans ses trois dimensions, le corps, l’âme et l’esprit avec ses capacités inséparables, est une valeur absolue par rapport à :
– toutes les autres créatures : les animaux, les plantes et les choses dans leur totalité,
– tous les Organismes politiques, économiques, culturels et religieux,
– toutes les lois, les chartes, coutumes et tous les régimes.
1-2 Les valeurs essentielles, personnelles et individuelles de tout être humain, quelle que soit sa race, sa nationalité, son sexe, sa religion, ses qualités personnelles, sa condition sociale, qui font la spécificité de son existence sont :
– la vie ou l’existence vitale,
– l’intégrité des trois dimensions vitales,
– le Droit, le Bien et la Beauté,
– les droits de l’homme et de ses libertés telles qu’exprimées dans la « Charte Universelle des Droits de l’Homme ».
1-3 Les valeurs essentielles relationnelles personnelles complétant l’individualité sont relatives à :
– La foi, l’espérance, l’amour du prochain (et de Dieu chez les croyants)
– le respect de l’autre, sa valorisation et l’acceptation des différences,
– la participation à son développement et à son épanouissement.
1-4 Les valeurs essentielles relationnelles sociales sont relatives à :
– la solidarité, la fraternité, la coopération et la coordination ;
– l’égalité, la justice et le partage ;
– l’altruisme (chacun prenant l’autre comme sujet d’intérêt)
– la sécurité, la paix…
1-5 La valeur essentielle nécessaire pour l’existence et la continuité de ces valeurs c’est qu’elles ne soient pas sujettes à la violence ; elle invite à éviter de les attaquer négativement, et cherche à participer à leur développement intégral et intégré.
Remarque : L’absence de violence est différente de la non-violence et de ses méthodes
(voir le document N°5).
2. Les valeurs spécifiques au Liban
2-1 De la Constitution
Les valeurs spécifiques au Liban sont mentionnées d’abord dans la constitution libanaise et, secondairement, dans les autres lois ; voici les articles principaux de la constitution avec leur numéro :
– Le Liban est une patrie, souveraine, libre, indépendante, une patrie définitive pour tous ses citoyens (1-A) ;
– Le Liban est une patrie d’identité et d’appartenance arabe (1-B) ;
– Le Liban est une république démocratique parlementaire, basée sur le respect des libertés publiques, et en premier lieu la liberté d’opinion et de croyance, sur la justice sociale et l’égalité de tous les citoyens dans les droits et les devoirs, sans distinction ou privilège (1-D) ;
– Le régime économique est libre ; il garantit l’initiative individuelle et la propriété privée (7) ;
– La liberté personnelle est préservée et protégée par la Loi (8) ;
– La liberté de croyance est absolue et l’Etat, en accomplissant les devoirs de vénération envers Dieu, respecte toutes les religions ; il se porte garant et assure la protection de la liberté de culte, à condition que cela n’entraîne pas de désordre public ; il garantit le respect des statuts personnels et les intérêts religieux de tous quelles que soient les diversités confessionnelles (9) ;
– La liberté d’opinion orale ou écrite, la liberté d’imprimerie, la liberté de réunion et d’association, sont toutes garanties dans le cadre de la loi (13).
2-2 De « La loi sur les émissions de la radio et de la télévision » et du « Cahier des charges »
Il a été mentionné dans le Cahier des charges, des normes portant les numéros suivants (comme spécimen de ce que l’on peut extraire des autres lois) :
– « Pour le service des intérêts du Liban et de ses objectifs patriotiques, il faut s’engager à respecter :
§ la particularité humaine,
§ la liberté et les droits d’autrui,
§ le caractère de diversité dans l’expression des idées et des opinions,
§ le respect de l’ordre public, des besoins de la défense nationale et des nécessités du bien public (5)
– « Les Organisations de l’information doivent s’acquitter de leur mission en étant des instruments actifs du développement de l’homme (6) ;
– « Elles doivent s’abstenir de publier ou de rapporter ce qui peut attiser le chauvinisme confessionnel ou sectaire, ou qui peut l’inciter ainsi que tout ce qui peut pousser la société et particulièrement les enfants à la violence physique ou morale, à la délinquance, au terrorisme ou à la discrimination raciale ou religieuse (9).
Ces articles de la Constitution ainsi que les normes juridiques comportent sans doute de nombreuses valeurs ; il serait utile de s’y arrêter et de les détailler en mettant au point, dans ce but, des documents successifs. Quelques valeurs qui paraissent être plus importantes et plus urgentes que d’autres en ce qui concerne la situation actuelle du Liban, ont été choisies ici : ce sont la démocratie, la sécularité et le développement.
Remarque : Il est utile pour l’action du CSC, de prendre connaissance de toute la Constitution libanaise et de toutes les lois essentielles (particulièrement la loi électorale et celle de la communication ou d’autres) et surtout de leurs Introductions dans lesquelles on trouve les principes essentiels.
2-3 La démocratie
La démocratie a de nombreuses valeurs intrinsèques, inséparables ; parmi elles :
– la participation du peuple à se gouverner (c’est le sens du mot démocratie) ; à savoir :
§ la possibilité d’élire ses représentants au parlement d’une manière saine et efficace et non illusoire ou falsifiée,
§ l’application de cette démocratie pour élire ses autres représentants : à la mairie, à la commune et ailleurs,
§ l’expression de l’opinion dans les problèmes vitaux ou importants pour la vie de l’homme, directement par voie de référendum ou autre.
– la possibilité d’exercer les libertés publiques dont certaines ont été signalées dans la « Constitution » et dans « la loi sur les émissions de la radio et de la télévision » en particulier :
§ la liberté d’opinion et de croyance,
§ la liberté individuelle,
§ la liberté d’imprimerie,
§ la liberté de réunion,
§ la liberté d’association.
– la possibilité de contester et de critiquer la politique de l’Etat par des moyens pacifiques et non-violents. Par exemple :
§ articles ou émissions de radio
§ pétitions de requêtes
§ manifestations expressives
– le « sit-in » (d’autres moyens ont été évoqués dans le document concernant la non-violence (N°5),
– la libération de l’individu de l’hégémonie de la féodalité politique, économique et religieuse afin qu’il devienne citoyen avec allégeance à sa patrie
– la possibilité de fonder des partis, loyalistes ou opposants au gouvernement ainsi qu’une association de forces de pression, « un gouvernement de l’ombre » et de laisser l’opportunité de s’exprimer, de conscientiser, de mobiliser l’opinion publique et de constituer une majorité populaire capable de modifier la situation, les lois et les systèmes.
2-4 La sécularisation intégrale
La sécularité est une valeur très importante mais ignorée ou inconnue dans sa réalité, importante en général et importante en particulier au Liban, parce qu’elle peut résoudre beaucoup de ses problèmes sociaux. Elle nécessite de longues explications pour connaître ce qu’elle inclut et pour l’appliquer ; il est possible pour cela de se référer au document concernant la sécularité (N°6). Il suffit ici de la définir :
La sécularité est l’autonomie du monde, ses éléments, ses dimensions, ses valeurs par rapport à ceux de la religion.
Cette autonomie ne signifie pas indépendance mais neutralité positive avec l’option possible du citoyen d’être séculier croyant ou sceptique par rapport à la religion ou à Dieu ou athée, en raison de ses convictions profondes et libres. Or, « pas de contrainte dans la religion car le sensé se distingue de l’erreur » ( La vache 256)
La sécularité n’est pas l’athéisme, comme certains le croient à tort, mais c’est la liberté de croyance et la libération de la religion des contraintes sociales qui forcent à l’adopter sans en être convaincu.
2-5 Le développement intégral et intégré
Il fait partie des valeurs adoptées par le CSC. Lui aussi a besoin d’être longuement expliqué pour en connaître les dimensions et les objectifs ainsi que son application pratique dans tous les domaines. Il est possible de se référer pour cela au document correspondant (N°7).
2-6 Il suffit ici de le définir
– Le développement est le passage d’un homme, d’un groupement ou d’une société d’un état de moins d’humanisme vers un état de plus d’humanisme ;
– Le développement intégral est celui qui oriente vers :
§ Tout homme, sans distinction ou discrimination et sans oublier ou négliger quelqu’un
§ Tout l’homme, sans négliger aucune de ses dimensions : physique, psychique ou spirituelle
– Le développement intégré est celui qui permet la complémentarité
§ Entre les individus, les groupements, les sociétés et les nations
§ Entre les diverses dimensions de l’homme : physique, psychique ou spirituelle
§ Entre les différents secteurs humains : économique, social, sanitaire, culturel, spirituel…
2-7 Il est possible d’ajouter à ces deux qualités essentielles du développement, une troisième, c’est l’ « auto motricité » qui signifie :
– le développement de l’individu, du groupement, de la société ou de la nation, ne doit se faire que de leur intérieur et non de l’extérieur,
– de même, il ne doit pas se faire d’en haut, c’est-à-dire du pouvoir « pas de contrainte dans le développement ».